Dans les coulisses de la série "Plus Belle la Vie", une énorme machine humaine redessine la réalité
À l'intérieur des studios ultra-surveillés de La Belle-de-Mai, de 8h15 à 18h15, depuis l'été 2004, la magie du Mistral opère grâce à l'enthousiasme des équipes d'intermittents.
© Florian Launette
Silence… Action ! Avant que Malik ou Roland, Rachel ou Maxime ne viennent illuminer les débuts de soirée de 5 millions de téléspectateurs à 20h20, des centaines de petites mains de
Plus belle la vie, PBLV pour les intimes, se mettent à l'ouvrage. Et les chevilles ouvrières de la série phare de France 3 sont aussi nombreuses que matinales, 100 personnes et dix heures de travail pour vingt minutes de
"magie".
Dès 7h, dans les studios de La Belle-de-Mai, à Marseille, le manteau et le sac de Luna ont été préparés pour le 909e jour de tournage, Paulette la figurante préférée est dans les starting-blocks, la production se met en jambes, les chauffeurs amènent les comédiens vers le bloc HMC (pour habillage-maquillage-coiffure). Au centre des 2000 m² de plateaux, la place du Mistral, calme, ses poubelles vides, sa chaussée cabossée et ses vélos sont une carte postale inanimée prête à être envoyée depuis Marseille à 20% de l'audience.
Là, le bureau du juge jouxte la maison de Blanche et sur les vastes panneaux de bois, les photos des lieux permettent de recréer les décors à l'identique malgré les mouvements incessants. Dans les escaliers, la comédienne Anne Decis (Luna) court récupérer ses textes, des plateaux de sandwiches circulent,
"bienvenue dans cette maison de dingue". Cet univers commun, c'est celui où la peinture pastel n'a pas besoin de recouvrir les murs jusqu'en haut, où fausse patine et papier mâché réverbèrent la
"bonne humeur". Une fourmilière
"familiale" de techniciens et figurants.
"On recommence, allez on se remet au départ s'il vous plaît."
"C'est un train qui va très vite"Laurent Kerusoré (Thomas) tressaute devant l'atelier de Charlotte:
"J'ai des chaussures trop neuves." Concentration pour la répétition, rires et raccord de maquillage, la rue mistralienne ronronne. Derrière ses écrans de contrôle, le réalisateur de la semaine, Roger Wielgus, se tient prêt.
"C'est mou là", ronchonne l'assistant, un trou de mémoire, des mots étouffés, ça
"déblatère" en régie. Pendant ce temps, au pôle HMC, jusqu'à 20 comédiens transitent via les mains expertes des pros: Wally les coiffe et confesse. Dominique les maquille, rassure et tente de
"les rendre heureux avant le plateau".
Passage obligé où pots de fond de teint et fer à friser côtoient la bible, des photos qui aident à retrouver l'image immuable du personnage. Sans se manquer,
"c'est un train qui va très vite", explique Dominique. Ce rythme effréné impose des équipes d'intermittents qui tournent chaque semaine ou presque. C'est l'autre réalité de cette
"colonie de vacances". À l'étage, les monteurs et mixeurs s'attaquent aux bandes numériques de la semaine passée, une journée
"bien remplie", par épisode pour travailler l'ambiance et la couleur locales, parfaire l'intrigue. Plus bas, l'espace
"casting" se charge de recruter les 2500figurants, reçoit des milliers de CV et a déjà attribué plus de 400 rôles.
Au salon, Lætitia Milot (Mélanie) joue la pipelette malgré la fatigue nocturne.
"Mes textes sont dans ma tête, je fais le point tous les week-ends et tous les soirs à la maison." Dans les neuf loges désertées, aux noms de Calanques, chaque comédien installe son univers. Autour, l'agitation touche l'espace accessoire où de grandes boîtes permettent de stocker tous les effets des personnages. Clément gère la multitude d'objets et l'absence de pub à l'écran. Il crée, notamment, les "unes" de la
Dépêche marseillaise, le plus beau quotidien du Mistral.
Par Gwenola Gabellec (
locale@laprovence-presse.fr )